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Le Maroc veut devenir un pôle d’excellence scientifique pour l’Afrique Spécial

Centrale Paris et le gouvernement marocain ont scellé leur accord pour construire aux portes de Casablanca un campus. Pour l’économie marocaine, il s’agit de développer les ressources humaines qui accompagneront le plan d’accélération industrielle. Le royaume veut devenir un hub de formation pour les pays d’Afrique de l’Ouest.

Adaptabilité et réactivité, deux mots qui résument bien les capacités d’organisation marocaine. Alors que la cérémonie de pose de la première pierre de Centrale Casablanca devait avoir lieu sur le site même lundi 27 octobre, la cérémonie a été déplacée au dernier moment, se tenant finalement dans un amphithéâtre mis à disposition pour le collectif d’architectes qui ont dessiné le campus.

Car l’enjeu est de taille pour l’économie marocaine qui est entrée dans le plan d’accélération industrielle. "Avec ce plan, l’éducation et la formation des jeunes est plus que jamais une priorité car notre objectif est la montée en gamme vers des activités technologiques à haute valeur ajoutée", a rappelé Moulay Hafid Elalamy, le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l’Économie numérique, qui ajoute plus directement "pour l’industrie, nous avons de gros besoins d’ingénieurs." Son collègue, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, va plus loin quand il explique qu’avec davantage d’ingénieurs, les industriels marocains pourront développer et produire demain le TGV low cost dont ont besoin certains pays d’Afrique, que les produits français trop chers ne peuvent pas séduire. 

Un campus d’une valeur de 15 millions d’euros 

Les liens entre le Maroc et l’Afrique ne s’arrêtent pas là. Ainsi, le royaume chérifien souhaite devenir un hub de formation pour l’Afrique, notamment pour les pays d’Afrique de l’Ouest. Avec une école Centrale développée en collaboration avec les équipes de Centrale Paris, le Maroc pourra accueillir chaque année une promotion de 200 jeunes qui décrocheront le titre d’ingénieur au bout de leur scolarité. "L’Ecole Centrale de Casablanca devra être de même niveau que les autres Ecoles centrales dans le monde", a ajouté le ministre de l’Industrie, cachant mal qu’il ne serait pas fâché qu’elle obtienne rapidement des résultats supérieurs. En attendant la gouvernance de l’école a été confiée à une fondation dont le conseil d’administration est composé pour un tiers de représentants nommés par le gouvernement marocain, un autre tiers par l’Ecole Centrale de Paris, auxquels il faut ajouter des administrateurs indépendants, un administrateur représentant les professeurs et un autre les élèves.

L’Etat marocain va donc investir dans la construction d’un campus d’une valeur de 15 millions d’euros. Ensuite, le budget de fonctionnement sera d’environ 9 millions d’euros par an quand l’école fonctionnera à plein régime. Là encore, l’Etat s’implique puisqu’il assurera la moitié du financement. L’autre moitié du budget est assurée pour l’instant par une subvention d’équilibre versée par l’Etat marocain, mais elle a vocation à disparaître, les frais de scolarité payés par les élèves et les contributions des entreprises devront la compenser.  En effet, comme dans les autres Ecoles Centrales, les entreprises devraient contribuer à la pédagogie de l’école mais aussi à son financement. Selon nos informations, de premiers contacts pris avec les entreprises françaises présentes au Maroc, mais aussi avec les entreprises marocaines se révèlent "prometteurs".  

Un réseau international d’écoles centrales 

Si le Maroc est actuellement aussi actif sur le marché de la formation supérieure, c’est notamment pour une autre raison qu’a dévoilé sans aucune fausse pudeur Lahcen Daoudi, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres. "En 2011, ce sont 2,6 milliards de dirhams qui ont été officiellement dépensés hors du Maroc en frais d’inscription par des étudiants marocains. Pourquoi n’amènerions nous pas les écoles au Maroc plutôt ?" Il est vrai que les relations entre le Maroc et Centrale Paris témoignent de cette coopération de longue date. "17 % des élèves admis sur concours sont marocains. Cela n’est pas étonnant car le Maroc a d’excellentes classes préparatoires", a expliqué Hervé Biausser, le directeur de Centrale Paris. A court terme, ce dernier espère créer un véritable réseau international d’écoles, où des étudiants chinois viendront faire une année de césure au Maroc et inversement.

Le gouvernement marocain négocie actuellement des accords tous azimuts. Il a ainsi signé avec l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Pour sa part, l’ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries, a rappelé qu’un accord venait d’être conclu entre l’Insa et l’université euromed de Fès. Il a ajouté qu’une "dizaine de projets ambitieux était actuellement à l’étude entre les deux pays" dans le domaine de l’éducation.

Lors des prochaines signatures, le Maroc pourra prouver ses capacités d’adaptation et de réactivité, si la cérémonie est par hasard à nouveau déplacée au dernier moment.

Christophe Bys

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